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FOOT REPUBLIK Aïcha Noui
15 juin 2018

Liga, un colosse aux pieds d'argile

Article publié sur le site Scribum en 2011.

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Au cœur d'une crise économique sans précédent, le championnat d'Espagne n'a pas démarré sous les meilleurs auspices.

Dans les représentations socio-footballistiques, la Liga reste le meilleur championnat d’Europe, mais en plein chaos financier, cette perception positive risque de se transformer en image d’Epinal. Une semaine de retard, des clubs surendettés, grèves des joueurs, conflit social et violence, la Liga s’inscrit désormais sous le régime «des Indignés».


Le Classico, l’arbre qui cache la forêt
Le FC Barcelone et le Real Madrid sont les vitrines du football espagnol, mais derrière les deux géants, le tableau est loin d’être idyllique. Le classico devenu le match le plus regardé dans le monde, masque des inégalités croissantes avec les autres clubs.
Emblématique de ce phénomène, le Real Madrid et le FC Barcelone concentreraient à eux seul 50% des droits télé. Cette monopolisation financière crée des tensions et affole les dirigeants de clubs en guerre ouverte contre Mediapro, la société détentrice des droits, et contre les deux clubs potentats du Royaume.


Les droits de la discorde
Emmené par le bouillonnant président du FC Séville Jose Maria Del Nido, douze clubs de première division ont décidé de mener une fronde contre cette injustice. Le marché des droits télé a explosé mais ne profite pas à tous les clubs. Les Merengue et les Blaugranas perçoivent 140 millions d’euros de droits télé chacun, les autres clubs se partagent les restes. Valence touche 40 millions d’euros quand la Real Sociedad en empochent seulement douze.
Ce fossé économique a des répercussions sur le sportif. Dans le football moderne, l’argent c’est le nerf de la guerre et les autres clubs ne peuvent plus rivaliser et viser plus haut que la troisième place. Cette répartition inégale a fini d’achever les ambitions sportives des plus téméraires.
Lassés par le manque de réactivité de la Ligue et par les pressions des dirigeants madrilènes et catalans, les contestataires n‘ont pas maintenu leur unité. Le FC Séville se retrouve désormais isolé dans son combat d’autant qu’une meilleure distribution des droits TV ne semble pas envisagée avant la saison 2015-2016. Un partage plus équitable ne devrait pas suffire à régler à lui seul le problème de la dette des clubs espagnols. En cumulant près de quatre milliards de déficit, les clubs sont dans le rouge.

Barcelone et le Real sont les clubs les plus endettés à hauteur de 500 millions d’euros chacun, mais leur revenu sans cesse en hausse leur permettent de se maintenir à flot. Au contraire d'autres clubs comme l'Atletico Madrid ou le FC Séville dont les recettes n’épongent plus les déficits et s’enfoncent inexorablement dans un gouffre financier.

Du conflit social
Les conséquences de ce marasme économique sont dramatiques et remettent en cause la bonne tenue du calendrier. Une grève des joueurs a déjà perturbé la reprise du championnat le 11 août. Certains clubs étaient dans l’incapacité de payer les salaires. En première ligne de ce conflit social: les joueurs de Valence, du Racing Santander, du Bétis Séville ou du Rayo Vallecano qui réclamaient 50 millions d’euros de salaires impayés et l’ouverture d’un fond de garantie des salaires par la Ligue professionnelle de football.

Dans ce contexte de crise économique, la perennité du foot espagnol réside désormais dans la création d'une DNCG espagnole qui assurerait un meilleure contrôle financier des clubs.


Javi Poves, le révolté du Sporting
Mais la mise en œuvre d’un organe de régulation ne signe pas encore la révolution dans le football, c’est pourquoi un footballeur a décidé de prendre le maquis. Javi Poves déchire son contrat de défenseur et s’offre une nouvelle voie en dehors d‘un football « où tout n’est qu’argent ». Le footballeur de Gijón cristallise désormais les revendications des anti-football business.
Dans une Liga en crise et en manque de repères, le footballeur révolutionnaire se fait l’écho d’un dégoût du système et d’un cas de conscience sur les dérives du football.

Si la Liga sait encore produire des champions du monde, ses abus engendrent des contre-footballeurs, phénomène symptomatique d’un système à bout de souffle.

Publié sur le site Scribum en 2011.

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